La RTE, dans son bilan sur les perspectives du système électrique pour l’hiver 2024-2025, s’intéresse au système dans sa globalité et présente des fondamentaux solides concernant la sécurité d’approvisionnement cet hiver.
La consommation électrique sur le territoire, notamment la consommation intérieure, a été fortement impactée par la crise énergétique. Plusieurs facteurs sont en cause, tels que la hausse du prix du gaz, les inquiétudes concernant la sécurité d’approvisionnement, les phénomènes de corrosion sous contraintes sur les réacteurs EDF, les stocks hydrauliques à un niveau historiquement faible, et enfin les progrès réalisés en termes d’efficacité énergétique. En conséquence, a consommation intérieure en 2023 a atteint 446 TWh, soit en deçà des niveaux pré-crise de 515TWh. Le premier semestre montre néanmoins une stabilisation, voire une reprise de la demande. RTE prévoit ainsi une consommation d’environ 448 TWh (+0,5%YoY).
Concernant le nucléaire, sans revenir dans le détail des phénomènes de 2022, les réparations effectuée sont permis en 2023 une augmentation de la production de 14,7 % (320 TWh). La disponibilité du nucléaire est bonne, avec 49,9 GW de capacité disponible, soit 81,3 % du parc, ce qui correspond à la fourchette haute des années 2015-2019 sur la même période. La part restante des réacteurs est actuellement à l’arrêt, principalement en raison des visites décennales visant à effectuer un contrôle approfondi des réacteurs pour prolonger leur durée de vie. L’arrêt prévu de ces réacteurs ne devrait pas perturber la sécurité d’approvisionnement, bien qu’un scénario de tension sur le système soit envisageable. EDF a notifié la possibilité d’une prolongation d’un arrêt sur trois pour une durée moyenne de 30 jours. Des diminutions et arrêts sont également prévus en raison des rechargements de combustible. Il n’est pas exclu que certains arrêts soient repoussés en raison des impératifs de sécurité d’approvisionnement. Malgré tout, RTE prévoit une stabilité de la disponibilité, conditionnée en partie par la bonne mise en service du réacteur Flamanville 3.
Concernant les énergies renouvelables, l’hydraulique se porte bien, contrairement à l’année 2022, où elle avait été victime de la sécheresse. Un retour à la normale a été observé en 2023, avec une production d’environ 60 TWh. Cette année, la production s’établit à plus de 62 TWh (+40 % par rapport a l’année précédente), en raison des précipitations importantes. Le niveau des stocks actuels est au-dessus de la moyenne 2015-2021, et on devrait atteindre le plus haut niveau de production des 15 dernières années (75,5 TWh). En ce qui concerne l’éolien et le solaire, on constate une part croissante des deux dans le mix énergétique, avec une production de 40 TWh pour l’éolien et 22 TWh pour le solaire à la fin octobre. Un ralentissement de l’évolution de la puissance éolienne est en cours, mais celui-ci ne devrait être que temporaire, étant donné la décision du Conseil d’Etat du 6 novembre 2024, statuant en faveur d’Eolise dans le contentieux l’opposant à l’Etat. Le gouvernement n’ayant pas appliqué les mesures visant à simplifier l’avancée des projets éoliens (article L515-45du Code de l’environnement).
Le document de RTE revient également sur les capacités d’effacement de consommation disponibles via les différents mécanismes, qui s’élèvent à environ 3,6 GW, en hausse par rapport aux années précédentes. Il est également notifié la poursuite de la croissance des effacements implicites, avec plus de 800 000 consommateurs ayant souscrit à une offre de fourniture flexible (ex. : offre Tempo).
Le document évoque également les échanges transfrontaliers, avec la possibilité, en cas d’hiver ”médian” de battre le record d’exportations, avec un solde net estimé à 85 TWh. Les interconnexions, en fonction de leur disponibilité, peuvent également contribuer à la sécurité d’approvisionnement en France. Par ailleurs, l’interconnexion ElecLink est toujours à l’arrêt, avec une remise en service prévue pour le 2 décembre.