L’objectif de cette analyse est de fournir une mise à jour sur l’avancement de l’obligation de la 5epériode et d’affiner l’analyse de la récente baisse des prix. Nous analyserons les effets des prochaines annonces et évènements sur le prix des certificats.
Depuis notre publication de septembre 2024, le contexte a peu évolué. Les volumes en instruction restent globalement équivalents tout comme la délivrance classique. En revanche la délivrance précarité baisse encore, atteignant un niveau historiquement bas à 6 TWhc.
Ainsi, pour estimer la situation à la fin de la 5e période, nous comparerons la production (délivrance des volumes) par rapport à l’obligation. Nous prendrons une production égale à la moyenne des délivrances jusqu’à aujourd’hui.
· 40.01 TWhc pour les CEE Classiques
· 16.72 TWhc pour les CEE Précarité
Les obligés feront face à un manque important de CEE à la fin de la période :
· -241.97 TWhc – Classique
· -91.01 TWhc – Précarité
60.15 TWhc de Classique et 24.42 TWhc de Précarité devront être délivrés tous les mois afin d’obtenir au 31/12/2025 un volume de délivrances égal au besoin de l’obligation. La production mensuelle de CEE Classiques doit donc augmenter de 50% par rapport à la moyenne entre janvier 2022 et septembre 2024 , contre 42% lors de notre précédente analyse. De plus, il est nécessaire d’augmenter la productionde précarité de 46% par rapport à celle entre janvier 2022 et septembre 2024, contre 27% lors de notre précédente analyse.
Voici un aperçu du stock/manque de certificats au 1er janvier 2026 en fonction de la production entre octobre 2024 et décembre 2025.
Depuis notre dernière analyse, la tendance s’est légèrement inversée sur lemarché des CEE Classiques. Après une hausse jusqu’à 8,45 €/MWhc au 30 septembre2024, le marché a amorcé une lente descente jusqu’à atteindre aujourd’hui 8.33€/MWhc.
En revanche du côté du marché des CEE Précarité, les prix ont continué à monter jusqu’à 9.43 €/MWhc, aujourd’hui, où il semble s’être stabilisé.
La hausse des prix des CEE Précarité s'explique par une production quasi-inexistante sur le marché primaire, ce qui a fait grimper les prix à des niveaux où les acteurs deviennent plus réticents à acheter et préfèrent attendre l'apparition de nouveaux gisements de précarité. Concernant les CEE Classiques, l’augmentation des prix semble due à une production insuffisante et au maintien des volumes en instruction jusqu’en septembre, comme l’indiquent les données des lettres d’information. La baisse de prix observée par la suite pourrait résulter de la délivrance de certains volumes en instruction, ce que nous pourrons confirmer avec les prochaines lettres d’information.
La délivrance des volumes actuellement en instruction devrait pousser les prix de CEE classique à la baisse. Cependant, cela pourrait s’avérer passager si un nouveau gisement de classique n’est pas ouvert. Si tous les volumes en instruction sont délivrés, il faudra au moins 39 TWhc de CEE Classiques et 15.1 TWhc de CEE Précarité de délivrances mensuelles supplémentaires pour atteindre l’obligation.
En revanche, pour le marché des CEE Précarité, il est possible que nous soyons au début dela hausse des prix. La délivrance des volumes en instruction ne devrait pas permettre de faire baisser les prix car nous aurions besoin de volumes importants en plus. De même aucun gisement de Précarité n’est identifié. Néanmoins l’illiquidité du marché pourrait ne pas permettre de matérialiser ce déséquilibre.
Au manque de visibilité s’ajoutent de nombreuses interrogations sur la 6e période.
Une obligation entre 1250 TWhc et 2500 TWhc annuelle a été confirmée au cours des semaines précédentes. Avec une production similaire, il est certain que le prix des certificats augmenterait drastiquement. Pour permettre aux obligés de remplir leurs obligations, des bonifications seront nécessaires.
À l’approche de la 6e période, les obligés se retrouvent de plus en plus pris entre le marteau et l’enclume. D’un côté, ils font face à l’échéance imminente de la P5 et à la pression de remplir leur obligation. De l’autre, de grandes incertitudes pèsent sur le marché. Cette situation pourrait rendre le marché extrêmement volatile, le rendant également plus réactif que d’ordinaire aux effets d’annonce.
Comme lors de nos précédentes analyses, nous constatons toujours un manque de gisement sur le marché primaire et en particulier sur la précarité. La disparition de la BAR-TH-173 devrait davantage renforcer le phénomène.
Nous avons de sérieux doutes sur la capacité de production, il n’y a plus de fiche permettant la création significative de certificats. Nos partenaires n'observent plus d'effet d'aubaine permettant l'incitation aux travaux de rénovation énergétique.
La raréfaction des CEE Précarités, frôlant la pénurie sur le marché secondaire spot, couplée à la disparition de l’un des derniers gisements avec la BAR-TH-173, provoque une forte montée de leur valorisation pour toutes les maturités. Cependant la barrière psychologique des 10 €/MWhc mais aussi la frilosité des obligés à acheter à ces valorisations pourrait restreindre la hausse des prix.
Le marché secondaire des CEE est en attente d’annonces de la part du gouvernement concernant la 6e période. Cette incertitude défavorise la liquiditédes transactions, leur volume et rend le marché amorphe.
Il faudra donc être alerte aux moindres annonces de la part du gouvernement quant à la P6 qui aurait une influence immédiate sur les prix des CEE.
[1] « Comité de pilotage CEE », Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 29 février 2024. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/2024-02-29%20COPIL%20CEE.pdf
[2] « Lettre d’information » , Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 1er novembre 2024. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/2024-07%20lettre%20d%27infos%20CEE%20vf.pdf