Analyse du marché des CEE - Mars

28/3/2025
Analyse du marché des CEE - Mars

L’objectif de cette analyse est de fournir une mise à jour sur l’avancement de l’obligation de la 5e période. Nous analyserons les effets des annonces et évènements sur le prix des certificats.

Mise à jour obligation

Depuis notre dernière publication, le contexte a peu évolué. Les volumes en instruction restent équivalents tout comme la délivrance de CEE Classiques. En revanche la délivrance de Précarités demeure insuffisante et n'a toujours pas atteint un niveau satisfaisant.

Source : [1] Comité de pilotage CEE, 29 février 2024. [2] Lettre d’information février 2024

Ainsi, pour estimer la situation à la fin de la 5e période, nous comparerons la production (délivrance des volumes) par rapport à l’obligation. Nous prendrons une production égale à la moyenne des délivrances jusqu’à aujourd’hui.

  • 40.32 TWhc pour les CEE Classiques
  • 15.76 TWhc pour les CEE Précarités
Source : Ministère de l’économie. Statistiques de délivrances des certificats d’économies d’énergie.

Comme le montrent les graphiques, les obligés feront face à un manque important de CEE à la fin de la période :

  • -271.91 TWhc – Classiques
  • -187.99 TWhc – Précarités

Au moins 63.23 TWhc de Classiques et 30.64 TWhc de Précarités devront être délivrés tous les mois afin d’obtenir au 31/12/2025 un volume de délivrances égal à l’obligation. La délivrance mensuelle de CEE Classiques devra être augmentée de 57 % par rapport à la moyenne observée entre janvier 2022 et septembre 2024. Par ailleurs, la production liée à la Précarité devra croître de 94 % par rapport à la même période de référence.

À l'approche imminente de la fin de la P5, nous sommes confrontés à une situation alarmante : le retard accumulé persiste de manière critique et n’augmente pas au rythme nécessaire.

Voici un aperçu du stock/manque de certificats au 1er janvier 2026 en fonction de la production entre décembre 2024 et décembre 2025.

Flambée des prix

Le prix des CEE Classiques s’est stabilisé autour de 8.20 €/MWhc. Les acteurs attendent des annonces sur l'évolution du dispositif pour la 6e période.

Le prix de la Précarité a explosé et dépasse désormais les 12.50€/MWhc. Le marché est incapable de produire les volumes nécessaires, ce qui a un impact direct sur le marché secondaire. Cette situation est particulièrement préoccupante, d'autant plus que la fin de la 5e période approche à grands pas.

Source : Indice de prix fourni par OTC Flow

Pourquoi ?

La situation sur le marché des CEE Précarités devient de plus en plus préoccupante. En l'absence de changements significatifs, nous ne voyons pas comment enrayer cette hausse continue des prix. Le volume de demande est très faible, avec un volume de 3.4 TWhc sur le mois dernier. Cette pression à la hausse est exacerbée par une production primaire quasi inexistante. De plus, le manque de fiches d'opérations standardisées entrave considérablement l'origination de nouveaux volumes, ce qui ne fait qu'accentuer les tensions sur un marché déjà sous pression.

En parallèle, le prix des CEE Classiques s’est stabilisé. Les volumes en cours d'instruction et les volumes délivrés observés depuis plusieurs mois nous rendent confiants quant à l'atteinte de l'obligation. Cette tendance positive permet aux obligés de respecter leurs engagements sans rencontrer de difficultés majeures. Il est donc essentiel de maintenir ce rythme encourageant jusqu'à la fin de la période pour garantir l'équilibre du marché et assurer le succès de nos objectifs.

Jusqu’où ?

Si tous les volumes en instruction sont délivrés, il faudra au moins 34TWhc de CEE Classiques et 18 TWhc de CEE Précarités de délivrances mensuelles supplémentaires pour atteindre l’obligation.

Aucune fiche d’opérations standardisées pour la Précarité n’a été créée depuis le début de 2025, malgré les engagements initiaux d’un déploiement au premier semestre, paralysant toute origination de nouveaux volumes. Face à un retard structurel (3.4 TWhc déposés en février 2025 contre un besoin bien supérieur), les prix ont déjà franchi les 12 €/MWhc (+25 % depuis janvier 2025), avec une trajectoire vers l’amende maximale de 20 €/MWhc. Pour éviter l’effondrement du dispositif, il est impératif que des fiches soient immédiatement publiées afin de générer des CEE finis, et que le PNCEE accélère la délivrance des volumes en instruction (322 TWhc en attente). Sans ces mesures, les obligés ne pourront pas créditer suffisamment de certificats sur EMMY avant décembre 2025, plongeant le marché dans une crise systémique.

Au manque de visibilité s’ajoutent de nombreuses interrogations sur la 6e période :

Les annonces relatives à la 6e période devraient être dévoilées dans les mois à venir. L'obligation annuelle devrait se situer entre 1 250 et 2 500 TWhc. Cependant, pour éviter une perturbation accrue du marché, il sera essentiel que cette annonce s'accompagne de la publication de nombreuses fiches d'opérations standardisées. Il semble probable que le volume d’obligation soit proche du niveau connu en P5.

À l'approche de la 6e période, les obligés se trouvent dans une position de plus en plus délicate. D'un côté, ils doivent faire face à l'échéance imminente de la P5 et à la pression de respecter leurs obligations. De l'autre, le marché est marqué par de grandes incertitudes. Cette conjoncture amplifie les fortes variations des prix à chaque annonce.

Incidence Marché Primaire

La situation sur le marché continue de se dégrader concernant les CEE Précarités. Malgré les alertes répétées, aucune amélioration significative n'a été constatée, et les prix poursuivent leur ascension inquiétante. Le constat reste alarmant : il y a une pénurie flagrante de gisements sur le marché primaire, particulièrement en ce qui concerne les CEE Précarités. Actuellement, aucune fiche d'opération standardisée ne permet de générer des volumes importants de CEE Précarités, ce qui paralyse la capacité de production. Même si de nouvelles fiches devaient être publiées dans un futur proche, il est légitime de s'interroger sur la possibilité de produire suffisamment de certificats avant la fin de la période de réconciliation. Le temps presse, et la marge de manœuvre se réduit de jour en jour.

Les seules nouvelles fiches standardisées publiées récemment concernent exclusivement les CEE Classiques, notamment dans le secteur des transports. Cependant, leur mise en œuvre nécessitera un temps considérable avant de produire des volumes significatifs. Ces volumes, de toute évidence, ne pourront être observés que lors de la 6e période, laissant la 5e période sans solution concrète pour répondre aux besoins immédiats du marché.

Opinion Front Office

La situation du marché des CEE Précarités s'est considérablement détériorée depuis notre dernière publication, avec une hausse vertigineuse de plus de 20% des prix. Depuis le début de l'année 2025, la demande mensuelle moyenne de CEE Précarités s'élève à 3,65 TWhc, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à la capacité des obligés à remplir leurs obligations pour la 5e période. Même si de nouvelles fiches incitatives pour générer d'importants volumes de Précarités devaient être publiées, il est peu probable que leurs effets se fassent sentir avant la fin de la période de réconciliation, étant donné que le délai moyen entre le début des travaux et le dépôt de la demande est actuellement de 426 jours depuis le début de la P5. Cela signifie que les derniers volumes de Précarités pour cette période sont déjà en cours de réalisation. La répartition inégale des volumes de Précarités entre les obligés aggrave encore la situation, et le marché global étant asséché, de nombreuses amendes sont à craindre à l'issue de la 5e période, suscitant une vive inquiétude dans le secteur.

Sources

[1] « Lettre d’information » , Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 1er janvier 2025.

[2] « Lettre d’information » , Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 1er mars 2025.

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