Analyse du marché des CEE - Janvier

7/2/2025
Analyse du marché des CEE - Janvier

L’objectif de cette analyse est de fournir une mise à jour sur l’avancement de l’obligation de la 5e période. Nous analyserons les effets des annonces et évènements sur le prix des certificats.

Mise à jour obligation

Depuis notre dernière publication, le contexte a peu évolué. Les volumes en instruction restent globalement équivalents tout comme la délivrance classique. En revanche la délivrance précarité baisse encore, atteignant à nouveau un niveau historiquement bas à 4 TWhc.

Source : [1] Lettre d’information janvier 2025

Ainsi, pour estimer la situation à la fin de la 5e période, nous comparerons la production (délivrance des volumes) par rapport à l’obligation. Nous prendrons une production égale à la moyenne des délivrances jusqu’à aujourd’hui.

  • 40.48 TWhc pour les CEE Classiques
  • 6.22 TWhc pour les CEE Précarité
Source : Ministère de l’économie. Statistiques de délivrances des certificats d’économies d’énergie.

Comme le montrent les graphiques, les obligés feront face à un manque important de CEE à la fin de la période :

  • -221.39 TWhc – Classique
  • -126.67 TWhc – Précarité

Au moins 58.93 TWhc de Classique et 26.78 TWhc de Précarité devront être délivrés tous les mois afin d’obtenir au 31/12/2025 un volume de délivrances égal au besoin de l’obligation. La délivrance mensuelle de CEE Classiques devra être augmentée de 45 % par rapport à la moyenne observée entre janvier 2022 et septembre 2024. Par ailleurs, la production liée à la précarité devra croître de 58 % par rapport à la même période de référence.

À l’approche de la fin de la P5, nous constatons que le retard accumulé ne diminue pas suffisamment pour permettre de remplir l’obligation.

Voici un aperçu du stock/manque de certificats au 1er janvier 2026 en fonction de la production entre décembre 2024 et décembre 2025.

Flambée des prix

Depuis notre dernière analyse le prix des CEE Classique s’est stabilisé autour de 7.97 €/MWhc. Les acteurs attendent des annonces sur l'évolution du dispositif pour la 6e période.

Le prix de la Précarité a explosé et dépassé désormais les 10.50€/MWhc. Le marché est incapable de produire les volumes nécessaires, ce qui a un impact direct. Cette situation est particulièrement préoccupante, d'autant plus que la fin de la 5e période approche à grands pas.

Source : Indice de prix fourni par OTC FLOW.

Pourquoi ?

La hausse significative du prix des CEE précarité s’explique par une quasi-absence de production primaire, tandis que la demande a atteint un volume de 8,2 TWhc en décembre 2024. De plus, l’absence de fiches d’opérations standardisées empêche désormais l’origination de nouveaux volumes, accentuant la tension sur le marché.

En parallèle, le prix des CEE classiques s’est stabilisé autour de 7,95 €/MWhc. Les volumes déposés et délivrés permettent aux obligés de respecter leurs obligations sans difficulté majeure. Il est donc essentiel de maintenir ce rythme jusqu’à la fin de la période pour garantir l’équilibre du marché.

Jusqu’où ?

Si le PNCEE continue de délivrer d’important volumes de CEE classiquesles prix devraient continuer de baisser. Si tous les volumes en instruction sont délivrés, il faudra au moins 33 TWhc de CEE classiques et 16 TWhc de CEE précarités de délivrances mensuelles supplémentaires pour atteindre l’obligation.

Pour le marché des CEE précarités, une situation préoccupante semble se dessiner : nous pourrions être face aux prémices d’une flambée des prix. Même si les volumes actuellement en instruction étaient délivrés, cela ne suffirait pas à combler le retard accumulé dans l’accomplissement de l’obligation. Pire encore, aucun gisement de précarité n’a été identifié, laissant planer une incertitude inquiétante sur la capacité à répondre à cette obligation. Depuis le début de l’année 2024, le volume de dépôt mensuel moyen de précarité est de 11.6 TWhc, bien en-dessous du besoin des fournisseurs d’énergie. Le prix pourrait théoriquement se diriger vers l’amende fixée à 20 €/MWhc.

Au manque de visibilité s’ajoutent de nombreuses interrogations sur la 6e période :

Niveau Obligation : Les annonces relatives à la 6e période devraient être dévoilées dans les mois à venir. L'obligation annuelle devrait se situer entre 1 250 et 2 500 TWhc. Cependant, pour éviter une perturbation accrue du marché, il sera essentiel que cette annonce s'accompagne de la publication de nombreuses fiches d'opérations standardisées.

À l'approche de la 6e période, les obligés se trouvent dans une position de plus en plus délicate. D'un côté, ils doivent faire face à l'échéance imminente de la P5 et à la pression de respecter leurs obligations. De l'autre, le marché est marqué par de grandes incertitudes. Cette conjoncture amplifie les fortes variations des prix à chaque annonce.

Incidence Marché Primaire

La situation devient critique : comme lors de nos précédentes analyses, le constat reste inchangé, avec un manque flagrant de gisements sur le marché primaire, et plus particulièrement sur la précarité. La suppression de la fiche BAR-TH-173 n’a fait qu’aggraver cette pénurie. Bien que certaines fiches aient été créées pour les secteurs des transports et de l’industrie, celles-ci ne concernent que les CEE Classiques et non les CEE Précarités, laissant ce segment dans une impasse totale.

La situation est extrêmement préoccupante : la capacité de production actuelle semble gravement compromise, car il n’existe plus de fiches permettant une création significative de certificats. Nos partenaires signalent également la disparition totale de tout effet d’aubaine, ce qui freine l’incitation aux travaux de rénovation énergétique. Plus inquiétant encore, aucune perspective claire n’émerge pour répondre aux enjeux spécifiques de la précarité, laissant ce secteur dans une impasse alarmante

Opinion Front Office

Sur le marché des CEE Précarité la situation est déjà critique : la barrière psychologique des 10 €/MWhc a été atteinte et dépassée, avec des transactions observées à plus de 10,50 €/MWhc. Cette flambée des prix, représentant une augmentation de plus de 30 % depuis juin 2024, exerce une pression considérable sur la facture énergétique des consommateurs finaux. À l’approche de la fin de la P5, la diminution de la production continue d’alimenter cette hausse. Il est impératif que de nouvelles fiches soient publiées au plus vite pour freiner cette escalade et éviter des répercussions encore plus lourdes sur les ménages.

Le marché des CEE Classiques semble désormais stabilisé, avec un prix autour de 7,80 €/MWhc. Cette stabilisation permet de soutenir une production de volumes suffisante pour répondre à l’obligation fixée pour la 5e période. De futures annonces ou des informations concernant la 6e période pourraient encore provoquer une volatilité accrue. En attendant, cette stabilité actuelle offre un cadre favorable pour financer les travaux de rénovation nécessaires au respect des obligations des fournisseurs d’énergie

Sources

[1] « Lettre d’information » , Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 1er Janvier 2025.

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