L’objectif de cette analyse est de fournir une mise à jour sur l’avancement de l’obligation de la 5e période et d’affiner l’analyse de la récente baisse des prix. Nous analyserons les effets des prochaines annonces et évènements sur le prix des certificats d'économies d'énergie.
Depuis notre publication de novembre 2024, le contexte a peu évolué. Les volumes en instruction restent globalement équivalents tout comme la délivrance classique. En revanche la délivrance précarité baisse encore, atteignant à nouveau un niveau historiquement bas à 4 TWhc.
Ainsi, pour estimer la situation à la fin de la 5e période, nous comparerons la production (délivrance des volumes) par rapport à l’obligation. Nous prendrons une production égale à la moyenne des délivrances jusqu’à aujourd’hui.
• 39.95 TWhc pour les CEE Classiques
• 16.38 TWhc pour les CEE Précarité
Les obligés feront face à un manque important de CEE à la fin de la période :
• -284.60 TWhc – Classique
• -124.08 TWhc – Précarité
61.84 TWhc de Classique et 25.92 TWhc de Précarité devront être délivrés tous les mois afin d’obtenir au 31/12/2025 un volume de délivrances égal au besoin de l’obligation. La délivrance mensuelle de CEE Classiques doit donc augmenter de 54% par rapport à la moyenne entre janvier 2022 et septembre 2024. De plus, il est nécessaire d’augmenter la production de précarité de 58% par rapport à celle entre janvier 2022 et septembre 2024.
À l’approche de la fin de la P5, nous constatons que le retard accumulé ne diminue pas suffisamment pour permettre de remplir l’obligation.
Voici un aperçu du stock/manque de certificats au 1er janvier 2026 en fonction de la production entre décembre 2024 et décembre 2025 :
Depuis notre dernière analyse une tendance baissière s’est installée sur le marchédes CEE classiques. En effet les premières semaines du mois de novembre ont été marquées par une baisse constante des prix des CEE classiques jusqu’à une chute rapide lors de la première semaine du mois de décembre à 7.74 €/MWhc. Depuis le prix semble s’être stabilisé aux alentours de 7.81 €/MWhc. Le marché des CEE précarité quant à lui se maintient à 9.72 €/MWhc.
Le maintien des prix des CEE précarités s’explique par une production primaire quasiment inexistante qui ne permet pas de tirer les prix à la baisse tandis que les obligés refusent ou sont dans l’incapacité d’acheter les CEE précarités et sont probablement dans l’attente d’un nouveau gisement de CEE précarités qui permettrait de tirer les prix vers le bas.
Concernant les CEE classiques, la baisse de prix observée résulte de la promesse de délivrance d’importants volumes par le PNCEE. Le Comité de Pilotage a annoncé la délivrance de 100 TWhc de CEE classiques et 50 TWhc de CEE précarités au cours du mois de décembre. Cette annonce a automatiquement fait chuter le prix sur le marché secondaire de plusieurs dizaines de centimes par MWhc.
Si le PNCEE continue de délivrer d’important volumes de CEE classiques les prix devraient continuer de baisser. Si tous les volumes en instruction sont délivrés, il faudra au moins 39 TWhc de CEE classiques et 16 TWhc de CEE précarités de délivrances mensuelles supplémentaires pour atteindre l’obligation. En revanche, pour le marché des CEE précarités, il est possible que nous soyons au début de la hausse des prix. Si les volumes en instruction étaient délivrés, nous aurions tout de même du retard par rapport à la complétion de l’obligation. De même aucun gisement de précarité n’est identifié.Depuis le début de l’année 2024, le volume de dépôt mensuel moyen de précarité est de 12 TWhc, bien en-dessous du besoin des fournisseurs d’énergie. Le prix pourrait théoriquement se diriger vers l’amende fixée à 20 €/MWhc.
Au manque de visibilité s’ajoutent de nombreuses interrogations sur la 6e période :
Niveau Obligation : Une obligation entre 1250 TWhc et 2500 TWhc annuelle a été confirmée au cours des semaines précédentes. Avec une production similaire, il est certain que le prix des certificats augmenterait drastiquement. Pour permettre aux obligés de remplir leurs obligations, des bonifications seront nécessaires.
À l’approche de la 6e période, les obligés sont confrontés à une pression croissante. D’un côté, ils doivent gérer l’échéance imminente de la P5 et s’assurer de remplir leurs obligations. De l’autre, le marché est marqué par de fortes incertitudes. Cette situation pourrait rendre le marché extrêmement volatil, le rendant également plus réactif que d’ordinaire aux effets d’annonce.
Comme lors de nos précédentes analyses, nous constatons toujours un manque de gisement sur le marché primaire et en particulier sur la précarité. La disparition de la BAR-TH-173 renforce le phénomène.Nous émettons de sérieux doutes quant à la capacité de production actuelle, car aucune nouvelle fiche ne permet de générer des certificats de manière significative. Par ailleurs, nos partenaires constatent l'absence d'opportunités attrayantes pour inciter des travaux de rénovation énergétique. De plus, le Comité de Pilotage n’a fourni aucune indication concernant les futures fiches d’opérations standardisées.
À l’approche de la fin de la P5, le prix des CEE précarités devrait augmenter mécaniquement en raison de la diminution de la production. Cependant, cette hausse pourrait être limitée par la barrière psychologique des 10 €/MWhc. Si cette barrière est franchie, le prix pourrait alors augmenter davantage, tout en restant inférieur au niveau de l’amende fixé à 20 €/MWhc. Comme on a pu le constater, le marché des CEE classiques est largement tributaire de la délivrance des volumes. En effet, l’annonce de la délivrance prochaine de 100 TWhc à fait plonger les prix de plus de 40 centimes/MWhc, une annonce similaire ou des informations sur la 6e période pourrait augmenter la volatilité sur le marché. En l’attente de telles annonces, le prix semble s’être stabilisé aux alentours de 7.80 €/MWHc. Ce prix permet de financer les travaux de rénovation à hauteur du volume d’obligation des fournisseurs d’énergie.
[1] « Comité de pilotage CEE », Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 29 février 2024. Présentation Comité de pilotage CEE
[2] « Lettre d’information » , Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique », 1er Décembre 2024. 2024-11 lettre d'infos CEE vf.pdf